Canicule

extrait de la Lettre d’Alma 81 septembre 2003

Le drame quel qu’il soit et surtout s’il devient une affaire publique, doit avoir un ou des responsables, c’est la loi des médias, est-ce la nécessité de nos consciences ?

La canicule et ses effets ont fait fonction d’un réel révélateur de la situation des personnes âgées dans notre société.

Que devons-nous en penser ?

Question médicale ? Question politique ? Question financière ? Question d’information ? Question de bon sens ?

Certes un système a besoins d’informations pour réagir, tant il est vrai que nous réagissons aujourd’hui comme notre ordinateur qui ne peut fonctionner que si nous lui fournissons certaines info adéquates … je me suis laissé dire qu’un des multiples dispositifs de veille dont disposent les organes décisionnels réagissait au terme de sécheresse forcément inscrit dans ses disques durs, mais canicule étant inconnu, il n’y avait pas eu d’alerte.

Alerte, mot sacralisé qui signifie de fait que si le voyant rouge ne s’allume pas, personne y compris moi ne réagira.

Arrêtons de faire automatiquement confiance à des organes abstraits, virtuels, artificiels qui pourraient nous entrainer à ne plus penser voire ne plus penser par nous-mêmes.

Car après tout, cette immense chaleur qui nous faisait quotidiennement rechercher l’ombre, la fraîcheur, l’eau, et autres lieux et produits capables de nous permettre de supporter la situation ;nous l’avons vécue, ressentie par tous les intimes pores de notre corps. Alors ?

Qu’est-ce qui nous a empêché que nous n’étions pas les seuls à vivre ce séisme atmosphérique ?

Qu’est-ce qui nous a conduit à croire que nous étions des individus à un destin individuel ?

Qu’est-ce qui nous a amené à nous débrouiller seuls, en confirmant quand même dans nos communications avec les autres que la chaleur nous pesait à tous ?

« Il fait chaud chez toi ? Plus de 40° aujourd’hui, je suis resté enfermé, et chez vous ? »

Dans ce cas attendions-nous une réponse vraie ou simplement la confirmation que nous n’étions pas les seules victimes d’une quelconque malédiction solaire ?

Si tel était notre disposition d’esprit, alors oui nous aurions dû être avertis. Par qui ? les autorités, les décideurs qui eux-mêmes auraient dû être avertis par les dispositifs d’alerte, de veille, de vigilance, que dans son immense sagesse « déresponsibilisante » la collectivité a mis en place pour nous alerter, nous faire veiller à… quoi au juste…

– à croire à ce que nos sens nous disent !

– à penser vraiment à nos voisin, amis !

– à me dire que je ne suis pas tout seul !

Drôle d’alerte ! quoique ! Pourquoi pas nous réveiller de notre inertie individuelle ?

Comment aurions-nous pu agir personnellement ?

Savions-nous qu’il existe des vieux dans les hôpitaux et maison de retraite ?

Savions-nous que tel voisin vit seul à plus de 70 ans ? …//…

Toi qui me lis, tu le sais sûrement dans ton fort intime. N’attendons pas tout de l’administration et des pouvoirs publics. L’éthique, même de responsabilité, est avant tout personnelle…